L’appartement de Léo

Nous voici donc chez Léo.
Pas "dans l’appartement de Léo", non. Chez Léo. C’est important. Car un chez-Léo, ça n’a rien d’un simple logement. C’est un territoire. Une république libre. Un musée du quotidien, version rêve éveillé.

Léo est très indépendante. Elle fait tout toute seule, même les choses qu’elle pourrait faire à deux, par principe. Pas par orgueil. Par nature. C’est comme ça. Indépendante, comme un chat — mais un chat qui aurait lu Marx et qui porterait des Louboutin. L’élégance révolutionnaire, tu vois le genre.

Elle aime le bleu. Partout, tout le temps. Du bleu dans les tableaux, le bleu sur les murs, le bleu dans ses idées. Parfois même un peu dans son humeur, le doute toujours caché dans un coin.

Elle aime les bibelots. Des petits objets, des machins, des souvenirs, des bidules. Moi, j’appelle ça des attrape-poussières. Elle les pose, les déplace, les chérit, en trouve toujours de nouveaux. À croire qu’ils respirent.

Léo lit. Beaucoup. Elle écrit aussi. Des choses belles, parfois très dure, perdue dans son monde imaginaire, ses rêveries, à son image, terriblement vivantes. Comme elle.

Et puis elle peint. Des tableaux qui sentent l’audace et le vernis à ongles — littéralement. Parce que oui, Léo, elle retouche ses toiles avec du vernis. D’ailleurs elle ne finit jamais de les retoucher ses tableaux, jamais terminés, parfois ses œuvres changent d’aspect par eux même, des natures vivantes. Comme elle

Elle invente. Elle détourne. Elle transforme. Elle imagine des mondes en coinçant un pinceau entre deux doigts tachés d’encre ou de résine.

Ah, et j’oubliais : Léo déteste être prise en photo. Alors faire son portrait, tu imagines bien, c’est un peu comme essayer de peindre un mirage — ça bouge, ça s’échappe, ça vous regarde de travers.

Mais surtout — surtout — Léo, c’est l’élue de mon cœur.
Et ça, tu vois, ça ne s’explique pas.
Ça se raconte comme une évidence. Une déclaration sous forme de sourire.

 
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