L’Île-de-Bréhat

Par une après-midi de novembre particulièrement maussade, je me suis aventuré, appareil photo en main, dans un monde où le temps semblait suspendu. Le ciel, d'un gris uniforme, pesait lourdement sur les paysages, tandis qu'une humidité palpable imprégnait l'air. L'automne, déjà bien avancé, avait déposé son manteau de feuilles mortes sur les sentiers, créant un tapis craquant sous mes pas.

Après une courte traversée à bord d'un petit ferry, je débarquai sur l'île, sentant immédiatement l'air marin et humide emplir mes poumons. Les chemins étaient déserts, comme figés dans une époque révolue, digne d'un poème romantique de la fin du XVIIIe siècle. Chaque arbre dénudé, chaque branche tordue, semblait murmurer des histoires oubliées, des récits de passions et de mélancolie. L'atmosphère oscillait entre le vague à l'âme et l'exaltation du mystère, où chaque ombre, chaque bruissement, éveillait en moi un sentiment de fascination teinté de fantastique.

Je marchais, capturant ces instants fugaces, ces fragments de nature endormie, où la beauté résidait dans la simplicité et la tristesse des éléments. Chaque cliché devenait une ode à la solitude, un hommage à la poésie silencieuse de l'automne. Les feuilles mortes, les sentiers déserts, tout concourait à créer une symphonie visuelle, où le gris et le brun se mariaient en une harmonie mélancolique, évoquant les vers de Lamartine ou de Chateaubriand.

Dans cette atmosphère romantique, je me sentais à la fois perdu et exalté, comme si chaque pas me rapprochait d'un secret enfoui, d'un mystère que seule la nature pouvait révéler.

 
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