La mésange bleu
Ça y est, j’ai reçu mon nouveau jouet : un objectif Sigma 150-600mm monture L. Un achat en prévision d’un magnifique voyage à venir dans le Serengeti, en Tanzanie. Ce périple, prévu depuis près d’un an, n’est pas étranger à mon regain d’intérêt pour la photographie — une passion que j’ai trop longtemps laissée en sommeil.
Photographier la nature et la faune sauvage, c’est tout nouveau pour moi. Jusqu’ici, j’étais plutôt attiré par la photo « lifestyle », celle qui capture les moments du quotidien, les voyages, les ambiances… ce que tout le monde peut faire aujourd’hui avec un bon smartphone !
Côté matériel, je dois avouer que je suis encore peu habitué aux téléobjectifs. Depuis mes débuts, j’ai toujours fait confiance à Sigma. Lors de mon passage à l’hybride, j’ai choisi Panasonic, principalement parce que la gamme Sigma y est bien représentée. J’ai beaucoup hésité avec Sony mais la colorimétrie, la prise en main de Lumix et le rapport qualité/prix ont finit de me convaincre. Leica restait hors de mon budget, et les boîtiers Sigma, bien que séduisants, ne correspondaient pas à mon usage. L’objectif, imposant et un peu lourd, s’utilise presque exclusivement avec un trépied ou un monopode. Mais il respire la qualité, et je n’avais qu’une idée en tête : l’essayer.
J’ai la chance de partager mon temps entre Paris et la Bretagne, dans une longère en pierre des Côtes-d’Armor. Si j’ai fait un premier test à la Ménagerie du Jardin des Plantes, il est évident que la campagne bretonne offre un terrain de jeu bien plus stimulant.
En cette belle journée de printemps, une multitude d’oiseaux animaient mon jardin. Ni une, ni deux : je sors le trépied équipé d’une rotule pendulaire, et visse le 150-600mm. Ma première impression : capturer ces oiseaux est extrêmement difficile. Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point ces petites créatures sont rapides. Travailler entre 400mm et 600mm demande une réactivité incroyable.
C’est alors que j’aperçois un couple d’oiseaux aux ailes bleues, à la gorge jaune, et à la tête blanche et noire. (Mes connaissances en ornithologie étant limitées, je découvrirai plus tard qu’il s’agit de mésanges bleues.) Ces oiseaux effectuaient sans cesse des allers-retours entre les arbres et un point précis du mur en pierre de ma maison. En m’approchant, j’ai vu une minuscule fissure menant à une cavité d’où s’échappaient les cris aigus des oisillons. C’était fascinant : les parents se faufilaient dans cette minuscule ouverture avec une agilité et une vitesse folles, comme s’ils disparaissaient dans le mur !
Avec un tel manège, j’avais trouvé mon sujet. J’ai placé mon appareil parallèle au mur, prêt à capturer les envols. Je suis passé en mode rafale mécanique (7 i/s sur le Lumix S5II), avec mise au point manuelle (les oiseaux revenaient toujours au même endroit), en mode manuel, ISO auto, ouverture maximale à f/6.3 pour garder une faible profondeur de champ et capter un maximum de lumière (malheureuse cet objectif est un peu limité en ouverture), et un temps de pose autour de 1/1600 s.
Première constatation : ces oiseaux sont extrêmement rapides. Même en anticipant, je ne capturais qu’une ou deux images par rafale, et les ailes restaient floues malgré la vitesse d’obturation. D’après mes recherches, la mésange bleue bat des ailes environ 15 fois par seconde.
J’ai donc changé d’approche :
J’ai poussé la vitesse d’obturation au maximum, soit 1/8000 s.
Je suis passé à l’obturateur électronique.
Et surtout, j’ai activé le pré-déclenchement (0,5 s), une fonction généralement réservée aux boîtiers haut de gamme, mais disponible sur le S5II — merci Panasonic !
Mes cartes SD (V30, 30 Mo/s en écriture) me permettaient d’enregistrer en rafale à environ 20 i/s en RAW + JPEG, pendant une à deux secondes. Le boîtier peut théoriquement monter à 30 i/s, mais j’étais sans doute limité par la carte mémoire.
Certes, l’obturateur électronique du S5II n’étant pas couplé à un capteur empilé, il peut produire du rolling shutter (déformation des objets en mouvement rapide). Mais dans mon cas, je n’ai pas constaté de distorsion notable, même sur les ailes.
Grâce à cette configuration, j’ai pu réaliser une belle série de clichés en plan serré, capturant le moment précis où les mésanges quittaient leur nid. Le mode rafale génère une quantité énorme de fichiers à trier, mais c’est le prix à payer pour capter l’instant parfait.
Côté post-traitement, le plus gros du travail a été de réduire le bruit dû à la montée en ISO. Heureusement, la lumière ambiante était excellente, ce qui a permis de garder un bon niveau de qualité. Pour la netteté, j’ai utilisé le module de réduction de voile atmosphérique de Darktable. Le résultat me semblait toutefois perfectible, surtout sur les détails du plumage. J’ai donc repris tout le flux de traitement du début en traitant lors d’une première passe le fichier RAW avec NoNoise AI de ON1, qui m’a permis d’obtenir le rendu que je partage ici.
C’est une longue histoire… pour seulement trois photos d’oiseaux cachés dans un mur ! La pratique de la photographie demande de la patience et un sens de l’opportunité. N’hésitez pas à partager vos avis ou questions en commentaire !