Les lumières du Cap Fréhel
En résumé : photographier la Voie lactée demande pas mal de préparation !
1. La bonne saison :
Pour ceux qui vivent dans l’hémisphère nord, le printemps et l’été sont les meilleures périodes pour observer et capturer la Voie lactée.
2. Le bon moment :
Il est important de viser une nuit de nouvelle lune afin de limiter la pollution lumineuse naturelle. Le ciel sera ainsi bien plus sombre.
3. Le bon lieu :
Trouver un point de vue intéressant, avec un premier plan soigné et une orientation plein sud, est essentiel pour mettre en valeur la Voie lactée. Et bien sûr, il faut s’éloigner autant que possible des sources de pollution lumineuse.
Mon matériel :
Je photographie avec un objectif Sigma 20mm f/2.0 de la gamme Contemporary, monté sur mon Lumix S5II. J’aime beaucoup cette série : j’ai aussi les 35mm et 65mm. Ils sont compacts, lumineux, solides, avec une superbe finition métallique, et offrent une excellente qualité d’image.
Je complète ce setup avec un trépied et une lampe frontale pour m’éclairer lors des réglages.
Première tentative : 26-27 avril
Ce week-end-là, j’étais dans la région de Saint-Cast-le-Guildo. Le samedi, je pars en repérage vers le phare du Cap Fréhel. Tout semblait prêt, météo comprise. Je programme mon réveil pour 3h du matin : selon la météo agricole, le ciel devait être dégagé. Hélas, c’était raté — trop de nuages. Je suis rentré me coucher, assez déçu.
Deuxième tentative : 28 jours plus tard (version non apocalyptique)
Je suis de retour à Saint-Cast. Cette fois, la météo est plus favorable, malgré quelques passages nuageux annoncés. Je pars à 12h30, après une courte sieste, et je prends le temps de régler mon objectif sur l’infini avant de préparer mon sac.
Vers 1h du matin, j’arrive au parking du phare. Je m’installe comme prévu, mais je suis un peu déçu : la lumière du phare n’est pas gênante, mais on voit nettement de la pollution lumineuse en arrière-plan. Je tente plusieurs prises de vue, en testant différents réglages :
Temps d’exposition : entre 10s et 20s (je reste sous la règle des 500 : 500/20mm = 25s)
ISO : entre 3200 et 6400
En post-traitement, je remarque qu’à 20s, les étoiles forment déjà de petites traînées. À l’avenir, je me limiterai à 15s max pour garder des étoiles bien nettes.
Vers 1h30, les nuages reviennent. Je dois replier.
Le coup de chance : Port Nieux
Sur la route du retour, en longeant la côte, je réalise en passant près de Port Nieux, près du petit Tréclin, que le ciel est soudainement dégagé, sans aucune pollution lumineuse visible. Je m’arrête sans hésiter.
La marée est basse, et je vois des voiliers échoués sur le sable en contrebas d’une digue. J’embarque mon matériel et descends prudemment par une échelle glissante. Le sable est mouillé, je m’enfonce à chaque pas… mais je ne rebrousse pas chemin.
Au milieu de la nuit, seul dans cette anse, je déploie mon trépied, cadre un voilier au premier plan, et photographie ce ciel magnifique. Je sens que j’ai capturé quelque chose de beau.
Le post-traitement et le débruitage
Quelques jours plus tard, en post-production, je remarque un niveau de bruit assez élevé — rien d’étonnant vu les réglages ISO. Mon logiciel, Darktable, offre de bons outils de débruitage, mais c’était l’occasion rêvée de tester une solution basée sur l’IA.
Après quelques essais, j’ai retenu NoNoise AI de ON1. Ce n’est pas le plus performant (DXO PureRaw ou Lightroom font mieux), mais en tant qu’utilisateur Linux convaincu (oui, c’est un vrai défi de faire du traitement photo pro sous Linux !), je voulais une solution compatible avec mon système. Aucun logiciel IA ne tourne nativement sous Linux, mais j’ai pu installer NoNoise AI via WineHQ, et ça fonctionne très bien. En plus, la licence est vraiment abordable.
Le résultat
J’ai sélectionné deux clichés que je trouve les plus réussis. Ils ont demandé un peu de travail sous Darktable, mais je suis très satisfait du rendu, surtout pour une première tentative.
Je n’ai qu’une envie : recommencer. Trouver d’autres spots, en Bretagne ou ailleurs, pour continuer à capturer la Voie lactée. C’est un spectacle magique, qui mérite largement ces efforts et ces aventures nocturnes.