L’étang du Moulin Neuf et les Camarguais

Si proche, et pourtant si fragile.

La plus proche réserve naturelle de mon domicile breton est aussi l’un des rares espaces encore un peu sauvages, livrés à la discrétion de la nature. Un confetti de liberté, minuscule, cerné de toutes parts. On en fait rapidement le tour à pied. La nationale à quatre voies, toute proche, gronde en permanence comme un rappel sourd de l’emprise humaine. C’est là, face à cette parcelle rescapée, qu’on réalise à quel point l’homme a tout pris. Tout conquis. Ne laissant à la faune locale que quelques miettes de silence.

En cette fin d’après-midi, je m’y rends, téléobjectif en main, le cœur un peu trop plein d’espoir. Je débute en photo animalière. À force de tutos visionnés sur YouTube, je m’étais imaginé capturer des instants rares, presque magiques.

Je ne vais pas vous mentir : ce fut une déception.

En ce dimanche de printemps, j’ai croisé plus de promeneurs que d’oiseaux. Quant aux loutres… Je les aie attendus pendant plusieurs heures sans succès. Et pourtant, tout avait bien commencé. J’étais tombé nez à nez avec un petit troupeau de chevaux camarguais, paisibles, broutant dans un champ, au bord du chemin qui descend vers l’étang. Un instant de grâce. Je pense faire un agrandissement ou deux pour ma fille, passionnée de chevaux (voir mon post sur les écuries du Cast).

J’ai poursuivi seul le tour du lac. Seul avec mes pensées. Parfois seul avec la nature. J’ai trouvé un recoin abrité, sous des arbres bordant la rive. Je suis resté là, une bonne heure, à contempler le panorama, comme si j’attendais quelque chose… ou quelqu’un. Les oiseaux ne s’approchaient pas. Même lointains, leur vol silencieux avait quelque chose d’apaisant.

Plus loin, je suis tombé sur une petite guérite d’observation. J’y suis resté aussi une bonne heure, immobile. Un magnifique coucher de soleil s’est étalé sur l’étang, dans des couleurs pâles, presque timides. Mais les échassiers, les canards… toujours à distance. Intouchables. Le vent dans le dos rendait tout envol impossible à capturer. Le moment restait beau, mais frustrant.

Ce n’était qu’un premier essai. Il y en aura d’autres. Ce jour-là, j’ai compris une chose essentielle : la plus grande qualité d’un chasseur d’images n’est ni l’œil, ni la technique. C’est la patience. Et peut-être… un peu d’obstination aussi.

 
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