Tanzanie - Serengeti - Jour 1

Les mots me manquent pour décrire ce premier face-à-face avec la savane africaine. Depuis des mois nous attendions cet instant, et déjà, à peine arrivés, le Serengeti dépasse tout ce que nous pouvions imaginer.

Notre avion se pose sur la piste poussiéreuse de Seronera, minuscule aérodrome perdu au cœur d’un océan d’herbes blondes et d’acacias. Il est 11h du matin quand nous faisons la connaissance de Micky, notre guide francophone, sourire franc et regard chaleureux. Pendant cinq jours, il sera notre éclaireur, notre chauffeur, notre compagnon d’aventure.

Nous grimpons à bord de notre véhicule de safari, véritable maison roulante, pensé pour l’exploration : larges baies vitrées, toit ouvrant, frigo embarqué et prises pour recharger les appareils qui immortaliseront nos souvenirs. À l’arrière, six places, mais nous ne sommes que deux. Le luxe absolu : le Serengeti rien que pour nous.

Dès cette première journée, nous sillonnons la région de Seronera, autour de l’aérodrome. Et déjà, le miracle opère. À peine partis, des silhouettes élancées se dessinent à l’horizon : nos premières girafes, accompagnées d’un girafon maladroit. Plus loin, des troupeaux entiers de gazelles bondissent à travers la savane : les délicates Thomson, au pelage fauve et à la bande noire élégante, et les majestueuses Grant, plus grandes, fièrement campées sur leurs longues cornes recourbées.

Plus loin, nos premiers félins, dans les hautes herbes, deux lionnes se reposent, silhouettes royales, presque camouflées. Trop éloignées pour un portrait net, j’équipe alors mon 150–600mm d’un télé-convertisseur, portant ma focale à 840mm. Sans cet allongement, impossible de les saisir autrement qu’en ombres lointaines. Là, elles s’offrent enfin, dans toute leur majesté.

Au détour d’un sentier, sur une branche trône un pygargue vocifère, l’aigle pêcheur d’Afrique, plumage éclatant de contrastes. Sa silhouette graphique ressort à merveille dans mon viseur, capturée aussi téléobjectif. De l’autre coté du sentier une famille de singes vervets, perchés sur une termitière, occupés à s’épouiller. Plus loin encore, des hippopotames se prélassent dans les mares boueuses. Leur puissance brute impressionne, surtout lorsqu’ils ouvrent leur mâchoire gigantesque dans un bâillement sonore. L’air est lourd de leur odeur, mais le spectacle est fascinant.

Sur les berges, un Jaribu — cette imposante cigogne africaine — se dresse fièrement. Parmi les autres especes que nous croisons ce jour la, et sans être exhaustif, nous pouvons citer pêle-mêle : de Jolis Burcoves, à la robe de jais, et au long bec et aux taches rouges autour de l’œil et au gosier, des petits Cossyphes de Heuglin, ou même des Hérons bleu.

Après un pique-nique savoureux, une nouvelle nous parvient par radio : un guépard a été aperçu. Nous fonçons. Déception : nous ne sommes pas seuls, une colonne de 4x4 s’est déjà formée. Mais qu’importe : là, tapis dans les herbes hautes, le félin se repose, silhouette fuselée prête à bondir. Il est loin, trop loin… encore une fois, je bénis mon télé-convertisseur. La mise au point est délicate à travers les brins d’herbe, mais quelle émotion de voir dans le viseur ses yeux jaunes qui scrutent l’horizon.

Le reste de la journée est un enchantement. Des acacias parasols étendent leurs silhouettes gracieuses sous le ciel immense. L’étrange arbre à saucisses exhibe ses fruits pendants comme des lanternes. Le paysage est une fresque vivante, que je capture au 70-200mm parfait pour la photo de paysage et restituer l’immensité des plaines.

Et soudain, des Dik-diks ! Minuscules antilopes aux grands yeux brillants, pas plus hautes qu’un genou. Elles détalent dans un bruit sec, celui-là même qui leur a donné leur nom. Plus loin un buffle massif se dresse sur le bas coté, un membre des redoutés « Big Five ». En une seule journée, lions, buffles et guépards ont croisé nos pas. Ne manquent que le léopard et le rhinocéros, plus insaisissables.

Le soir approche quand un immense troupeau de zèbres nous escorte sur plusieurs kilomètres, comme une garde d’honneur vers notre campement. Le ciel se couvre, les nuages laissent filtrer quelques rayons d’or qui caressent la plaine. Pas de coucher de soleil flamboyant, mais une lumière douce, presque irréelle, que je tente de restituer en jouant avec les contrastes.

Nous atteignons enfin le Nyota Camp, écrin luxueux au cœur de la savane. Et déjà, nous sommes étourdis, émerveillés, presque incrédules : le Serengeti vient de nous ouvrir ses portes, et mes cartes mémoire sont déjà pleines d’instants magiques.

Avant de conclure ce premier récit, un mot sur les réglages que je recommande pour ce genre d’aventure photographique. J’ai choisi de travailler en mode manuel, avec une vitesse d’obturation oscillant entre 1/800s et 1/2500s selon la scène, si les animaux sont plutôt statiques ou en mouvement. Je suis resté à ouverture maximale, pour isoler mes sujets par un joli flou d’arrière-plan (ce fameux bokeh qui sublime chaque portrait animalier). Également plus ont est pres de son sujet, plus la longueur focal est importante, plus l’arrie plan est éloigne, et donc plus l’effet de flou est prononcé. L’ISO, je l’ai laissé en automatique, afin de m’adapter à la lumière changeante sans perdre en réactivité. Et surtout, un conseil précieux : se mettre au niveau du sujet. Les plus belles images des Dik-diks, vervets ou zèbres sont venues des prises par les portières du 4x4, et non par le toit, permettant des regards d’égal à égal avec ces habitants de la savane.

 
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